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Pendant une bonne minute le Français, étudia gravement la mer et le ciel.

« Peut-être que oui, peut-être que non, répondit-il évasivement. Préparez vite le petit déjeuner et nous nous mettrons au dragage. »

La fumée s’élevait des cabines des différents sloops éparpillés dans les parages, preuve que tout le monde autour d’eux se disposait à prendre le premier repas du jour. Sur le Dazzler, l’affaire fut liquidée en cinq sec ; bientôt les trois compagnons prenaient un ris dans la grand-voile et s’apprêtaient à lever l’ancre.

La curiosité de Joë le turlupinait de plus en plus. Ils trouvaient sans aucun doute au-dessus des bancs d’huîtres, mais comment diantre, dans cette mer houleuse, allaient-ils pêcher les mollusques ? Il ne tarda pas à l’apprendre. Soulevant une partie du plancher du cockpit, le Français ramena deux châssis de fer triangulaires. Au sommet d’un de ces triangles, il lia une grosse corde dans un anneau prévu à cet effet. Deux des côtés, des tiges de fer d’un pouce d’épaisseur s’écartaient presque à angle droit sur une longueur d’au moins un mètre vingt-cinq et venaient rejoindre le troisième côté du triangle, que formait le fond de la drague : une plaque d’acier longue d’un mètre, à laquelle était fixée par des boulons une rangée de dents, d’acier elles aussi, longues et pointues. Un filet de pêche en grosse ficelle solidement accroché à la plaque d’acier et de chaque côté du châssis, servait, ainsi que le devina Joë, à recueillir au fond de la baie les huîtres ratissées par les dents.