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pour jeter un coup d’œil. La brise et la mer s’étaient levés, le Dazzler roulait et tanguait, tirant sur la chaîne d’ancre avec de violentes secousses. Il dut se cramponner au gui au-dessus de sa tête pour garder son équilibre. Le jour était gris et accablant, sans la moindre promesse de soleil dans un ciel obscurci par de grosses masses de nuages emportées sur les ailes du vent. Joë chercha des yeux la terre. Elle gisait là-bas, à un mille et demi : une longue grève de sable blanc, très basse, où venaient s’étaler les flots avec un bruit de tonnerre. Derrière, apparaissait une étendue désolée de marécages et bien plus au loin se dressaient, imposantes, les montagnes de Contra-Costa.

Détournant son regard, Joë tressaillit à la vue d’un petit sloop qui roulait et plongeait sur son ancre, à une centaine de mètres de là, presque sous le vent. Une légère secousse de l’embarcation lui permit d’en lire le nom : Le Hollandais-Volant, Joë le reconnut aussitôt, pour l’avoir vu, parmi les autres, amarrés au quai d’Oakland. Un peu à gauche, il découvrit Le Fantôme et, plus loin, une demi-douzaine d’autres sloops au mouillage.

« Hein ? Qu’est-ce que je t’avais dit ? »

Joë regarda vivement par-dessus son épaule. Pete-le-Français, sorti de la cabine, contemplait le spectacle, l’œil triomphant.

« Qu’est-ce que je t’avais dit ? On ne peut duper le vieux renard que je suis. Voilà. Je me dirige dans la nuit avec autant de précision qu’en plein soleil. Pas d’erreur possible…

— Ça va souffler dur ? », demanda Frisco Kid de la cabine, où il commençait d’allumer le feu.