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leures notes que lui, elle n’aurait pas dû lui poser pareille question.

Comme elle est douce ! pensa-t-il tandis qu’elle appuyait sa figure contre sa main toujours emprisonnée. S’il pouvait seulement se dégager de cette étreinte… que cela était niais ! Mais il la vexerait peut-être, et il savait par expérience à quel point la sensibilité d’une fillette est vulnérable. Elle écarta les doigts et embrassa la paume de sa main. C’était le contact d’un pétale de rose qui tombe : c’était aussi une façon de lui renouveler sa question.

« Il n’y a rien », dit-il résolument.

Puis il ajouta, de manière tout à fait inconséquente :

« C’est au sujet de père ! »

Sa propre inquiétude se refléta dans les yeux de sa sœur.

« Mais père est si bon et si indulgent, Joë ! dit-elle. Pourquoi n’essayes-tu pas de lui faire plaisir ? Il ne te demande pas grand-chose, et c’est toujours pour ton bien. Il en riait autrement si tu étais un peu nigaud comme certains garçons. Si tu voulais seulement étudier un peu…

— Et voilà ! Un sermon maintenant ! protesta-t-il, retirant sa main. Toi aussi tu te mets à me faire des remontrances. Tout à l’heure, ce sera la cuisinière, et le garçon d’écurie. »

Il fourra ses mains dans ses poches et parut contempler avec mélancolie un avenir désolé d’interminables reproches et d’innombrables prêches.

« C’est tout ce que tu avais à me dire ? » demanda-t-il, se tournant vers la porte.