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l’oreille de son camarade, tandis que le Français, furieux, attachait la remorque. Ne réponds rien. Laisse-le rouspéter à son aise. Tiens-toi tranquille. Ça n’en vaudra que mieux. » Mais le sang anglo-saxon de Joë lui bouillait dans les veines ; il ne put se contenir davantage :

« Écoutez, Monsieur Pete-le-Français, — ou quel que soit votre nom, — mettez-vous bien dans la tête que je veux m’en aller et que, de toute façon, je m’en irai. Je vous demande donc de me conduire à terre. Sinon, je vous ferai emprisonner, ou je ne m’appelle pas Joë Bronson. »

Frisco Kid attendait le dénouement avec inquiétude. Pete-le-Français demeura un instant abasourdi. Lui, défié à bord de son propre bateau, et par un gosse ! Jamais il n’avait essuyé pareil affront. Il savait bien commettre un acte illégal en gardant Joë contre son gré, mais il redoutait en même temps de le laisser filer avec les renseignements qu’il possédait sur le sloop et sur son rôle. Le jeune garçon avait exprimé une vérité exacte, sinon agréable : d’après les lois américaines, il était à même de faire coffrer Pete-le-Français. Il ne restait à celui-ci qu’un seul moyen à employer : l’intimidation. De sa voix perçante, il s’écria, furieux :

« Ah ! Tu veux me faire mettre au violon ? Eh bien, tu y viendras toi aussi. Tu as manœuvré le bateau hier soir, hein ? Ose le nier ! Tu as volé de la fonte… ose le nier ! Tu t’es sauvé… ose le nier encore cela ! Et tu me menaces de la prison ! Ah ! la, la !!!

— J’ignorais… protesta Joë.

— Elle est bien bonne ! Tu raconteras ta petite