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« Impossible de prévoir ces crises d’ivrognerie », expliqua Frisco Kid, lorsque Joë, la vaisselle lavée, monta sur le pont. « Parfois, il se tiendra bien pendant un mois, d’autre fois il ne dessoulera pas de la semaine. Tantôt il a le vin gai, tantôt il pique une crise de fureur. Mieux vaut le laisser tranquille et s’écarter de son chemin le plus possible. Ne pas le mettre en colère, surtout ! On ne sait jamais avec lui ce qui peut arriver.

« Si nous allions tirer une coupe ? ajouta-t-il, abandonnant brusquement ce sujet pour un autre plus agréable. Sais-tu nager ? »

Joë acquiesça de la tête.

« Qu’est-ce qu’on voit là-bas ? » demanda-t-il, comme il se préparait à plonger.

Il désignait du doigt une plage abritée de l’île, où se dressaient des maisons et quantité de tentes.

« C’est le poste de quarantaine. Il renferme nombre de passagers atteints de variole, et débarqués des steamers venant de Chine. On les garde là en observation jusqu’à ce que les médecins autorisent leur débarquement. Les règlements sont formels… »

Ploc !

Si Frisco Kid avait terminé là sa phrase, au lieu de plonger par-dessus bord, maints désagréments eussent été épargnés à Joë. Mais il ne l’acheva pas, et Joë fit un plongeon après lui.

« Je vais te dire », suggéra Frisco Kid une demi-heure plus tard, alors qu’ils s’agrippaient tous deux à la sous-barbe du beaupré, avant de regrimper sur le bateau. « Nous allons attraper un bon plat de poissons pour le dîner, puis nous rentrerons nous coucher.