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dans sa brillante carrière, point d’actes de bravoure, point de frissons, rien qu’une morne grisaille et un ennui sans bornes.

Les lions ? Certes, il en avait dompté plusieurs. La belle affaire ! L’essentiel était de ne pas boire. Quiconque pouvait réduire un lion à l’immobilité à l’aide d’une vulgaire canne. Un jour, il en avait combattu un pendant une demi-heure. Chaque fois que la bête s’élançait, il lui appliquait un coup sur le nez : mais quand, instruite par l’expérience, elle fonçait, tête baissée, il n’avait qu’à tendre la jambe. Lorsque le lion voulait la happer, il la retirait, et pan ! de nouveau sur le nez. Pas plus compliqué que cela !

Le regard distrait et la parole lente, il me montra ses cicatrices. Elles étaient nombreuses, et parmi les plus récentes l’une provenait d’une tigresse qui lui avait entaillé l’épaule jusqu’à l’os. Je pouvais même en voir la déchirure, proprement raccommodée, sur le paletot qu’il portait. Son bras droit, du coude