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L’APPEL DE LA FORÊT

devenu vague et lointain. Bien plus puissante était chez lui l’influence héréditaire qui allait s’affirmant chaque jour davantage, lui présentant comme familières des choses jamais vues ; appelant impérieusement à la surface les instincts primitifs qui sommeillaient au fond de son être.

Parfois, étendu devant le feu en regardant danser les flammes, immobile mais non endormi, il lui semblait avoir veillé jadis près d’un autre homme tout différent du métis écossais. Cet homme-là, couvert de poils, les cheveux longs, proférait des sons inintelligibles en scrutant l’obscurité d’un œil inquiet. Puis il cédait au besoin de repos, et il semblait à Buck qu’il protégeait encore le sommeil de cet homme, accroupi près du feu, la tête sur les genoux, contre des bêtes féroces dont il voyait les yeux danser dans la nuit.

Ces visions disparaissaient à la voix brutale du métis, et Buck se levait et baillait pour feindre d’avoir dormi.