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L’APPEL DE LA FORÊT

épaule contre épaule, si violemment qu’ils roulèrent ensemble dans la neige pulvérisée. Spitz, se retrouvant sur ses pattes aussitôt, entailla l’épaule de Buck d’un coup de dent et bondit plus loin. Deux fois, ses mâchoires se refermèrent sur lui comme les ressorts d’acier d’un piège ; deux fois, il recula pour reprendre son élan, et sa lèvre amaigrie se retroussait en un rictus formidable : l’heure décisive était venue !

Tandis qu’ils tournaient autour l’un de l’autre, les oreilles en arrière, cherchant l’endroit vulnérable, Buck eut comme le ressouvenir d’une scène familière, déjà vécue. Il en reconnaissait tous les détails : la terre et les bois tout blancs, le clair de lune et la bataille elle-même. Un calme fantastique régnait sur cette pâleur silencieuse. Rien ne remuait ; dans les airs montait toute droite l’haleine des chiens qui, les yeux étincelants, entouraient les deux combattants d’un cercle muet. Spitz était