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L’APPEL DE LA FORÊT

répondit François ; quelque beau jour, vous pouvez m’en croire, il avalera Spitz tout entier pour le recracher sur la neige.

À partir de ce moment, en effet, ce fut la guerre ouverte entre les deux chiens. Spitz, comme chef de file, maître reconnu de l’attelage, sentait sa suprématie diminuer devant cet animal si peu semblable aux nombreux chiens du Sud qu’il avait connus. Bien différent de ces animaux délicats et fragiles, Buck supportait les privations sans en souffrir ; il rivalisait de férocité et d’astuce avec le chien du pays. Plein de finesse sous sa forte charpente, il savait attendre son heure avec une patience digne des temps primitifs.

Buck désirait un conflit au sujet de la direction suprême, car il était dans sa nature de vouloir dominer ; de plus, il avait été saisi de cette passion incompréhensible du trait, qui fait tirer les chiens jusqu’à leur dernier souffle