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L’APPEL DE LA FORÊT

din sur les côtes saillantes, et la caisse fut renversée à terre. À l’instant même, sans crainte du bâton, une vingtaine de créatures faméliques se ruaient sur le pain et le jambon, hurlant et criant sous les coups, mais ne s’en disputant pas moins avidement les dernières miettes de nourriture. Pendant ce temps, les chiens d’attelage, étonnés, avaient sauté hors de leurs trous et une lutte terrible s’engageait entre eux et les maraudeurs. De sa vie, Buck n’avait rien vu de pareil à ces squelettes recouverts de cuir, à l’œil étincelant, à la lèvre baveuse ; la faim les rendait terribles et indomptables.

Au premier assaut, les chiens de trait se virent repoussés au pied des rochers. Buck fut attaqué par trois d’entre eux, et, en un clin d’œil, sa tête et ses épaules étaient ouvertes et saignantes. Le bruit était effroyable. Billee gémissait comme à son ordinaire, Dave et Sol-leck, perdant leur sang par plusieurs