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L’APPEL DE LA FORÊT

geurs en marche, ayant déjà un certain nombre de milles à leur actif. D’habitude aussi, on dressait le camp à la nuit noire, les chiens recevaient une ration de poisson et se couchaient dans la neige ; Buck aurait voulu avoir plus à manger ; la livre et demie de saumon séché qui était sa pitance journalière ne semblait pas lui suffire. Il n’avait jamais assez, et souffrait sans cesse de la faim ; toutefois les autres chiens qui pesaient moins et étaient faits à cette vie, ne recevaient qu’une seule livre de nourriture, et se maintenaient en bon état. Buck perdit vite sa délicatesse de goût, fruit de son éducation première. Mangeur friand, il s’aperçut que ceux de ses congénères qui avaient fini les premiers lui volaient le reste de sa ration, sans qu’il pût la défendre contre leurs entreprises, car tandis qu’il écartait les uns, les autres avaient vite fait de happer le morceau convoité. Pour remédier à cet état de choses, il se mit