Page:London - L'appel de la forêt, trad Galard, 1948.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.
39
LA LOI DU BÂTON ET DE LA DENT

Le soir venu, Perrault ramena encore un autre chien, un vieux husky[1], long, maigre, décharné, couvert de glorieuses cicatrices récoltées en maint combat, et possesseur d’un œil unique, mais cet œil brillait d’une telle vaillance qu’il inspirait aussitôt le respect. Il s’appelait Sol-leck, ce qui veut dire le Mal-Content. Semblable à Dave, il ne demandait rien, ne donnait rien, n’attendait rien, et, quand il s’avança lentement et délibérément au milieu des autres, Spitz lui-même le laissa tranquille. On put bientôt remarquer qu’il ne tolérait pas qu’on l’approchât du côté de son œil aveugle. Buck eut la malchance de faire cette découverte et de l’expier rudement, car Sol-leck, d’un coup de dent, lui fendit l’épaule sur une longueur de trois centimètres. Buck évita avec soin à l’avenir de répéter l’offense, et tous deux restèrent bons camarades jusqu’à la fin. Sol-leck

  1. Chien du pays, à demi sauvage.