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LA LOI PRIMITIVE

existence, il perdit la mémoire de la douceur des jours écoulés et se résolut à souffrir l’inévitable.

D’autres chiens arrivaient en grand nombre, les uns dociles et joyeux, les autres furieux comme lui-même ; mais chacun à son tour apprenait sa leçon. Et chaque fois que se renouvelait sous ses yeux la scène brutale de sa propre arrivée, cette leçon pénétrait plus profondément dans son cœur : sans aucun doute possible, il fallait obéir à la loi du plus fort…

Mais, quelque convaincu qu’il fût de cette dure nécessité, jamais Buck n’aurait imité la bassesse de certains de ses congénères qui, battus, venaient en rampant lécher la main du maître. Buck, lui, obéissait, mais sans rien perdre de sa fière attitude, en se mesurant de l’œil à l’Homme abhorré…

Souvent il venait des étrangers qui, après avoir examiné les camarades, remettaient en échange des pièces d’ar-