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L’APPEL DE LA FORÊT

taire, on dressait le camp ; les chiens flânaient, et les hommes, pratiquant des trous dans la terre ou le gravier gelé, lavaient près du feu de grandes écuelles de boue dorée. Tantôt on avait faim, tantôt on faisait bonne chère, suivant les hasards de la chasse et les caprices du gibier.

L’été arriva ; alors hommes et chiens traversèrent en radeau les lacs bleus des montagnes ; remontèrent ou descendirent des rivières inconnues, sur de frêles barques taillées dans les arbres des forêts environnantes. Les mois passaient, tandis qu’ils erraient ainsi dans la vaste étendue dont nulle main n’avait tracé la carte pour les guider, mais que des pas humains avaient foulée jadis, si la tradition disait vrai.

Ils subirent de violents orages, tourmentes de neige en plein été, vents cinglants, éclairs aveuglants ; souvent ils virent tomber la foudre à leurs côtés ; ils frissonnèrent au soleil de minuit sur