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LES FATIGUES DE LA ROUTE

obtint d’une vieille Indienne quelques livres de cuir de cheval congelé, en échange du revolver qui se balançait à la ceinture de Hal, tenant fidèle compagnie au grand couteau de chasse. Mais ce fut une nourriture pauvre et indigeste que ce cuir, levé depuis six mois sur la carcasse d’un animal mort de faim.

Buck, à la tête de l’attelage, croyait marcher en un affreux cauchemar. Il tirait tant qu’il le pouvait, et lorsque ses forces étaient épuisées, il se laissait tomber sur le sol et ne se relevait que sous une grêle de coups de fouet ou de bâton. Sa belle fourrure avait perdu tout son lustre et sa souplesse ; le poil traînait dans la boue, emmêlé et durci par le sang coagulé, et sa peau flottait en plis vides et lamentables. Ses camarades étaient dans le même état, squelettes ambulants, réduits au nombre de sept, insensibles à la morsure du fouet ou aux contusions du bâton. Aux arrêts,