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lent et sourd travail des créatures de cet organisme. Il avait sous les yeux le lamentable spectacle d’un tribunal et d’un juge courbés sous les fourches caudines d’un louche teneur de tripot disposant de plusieurs centaines de votes. Ce scandale, bas et sordide, n’était qu’un des mille aspects du colossal système social qui, dans chaque ville et dans chaque État, écrasait de sa masse l’Amérique tout entière.

Une phrase familière lui résonnait à l’oreille : « Mieux vaut en rire… » Au plus fort de ces arguties, il se surprit à rire tout haut, ce qui lui valut un froncement de sourcils et un coup d’œil foudroyant de la part du juge… « Tous ces juges et avocaillons, se disait-il, abusant lâchement de leurs fonctions, sont pires, mille fois pires, que les brutes de marins qui, maîtres à leur bord, martyrisent leurs hommes ; ceux-là du moins, doivent se protéger eux-mêmes des effets de leurs sévices. Tandis que tous ces méchants robins se réfugient sous la majesté de la loi ! Ils frappent sans crainte qu’on ne leur rende coup pour coup, parce qu’ils ont pour les défendre les massues des policiers, cogneurs professionnels !… »

Néanmoins Watson contemplait tout cela sans amertume. Il oubliait la grossièreté et la petitesse devant le côté purement grotesque de ces vilenies, car il possédait la grâce rédemptrice de l’humour.

Tout houspillé, tout sermonné qu’il était, il réussit en fin de compte à exposer une version simple et franche de l’affaire et, malgré un contre-interrogatoire