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dormir debout. Admettez-vous qu’un homme puisse s’infliger des blessures à soi-même en se martelant la figure contre votre tête ? Voyons est-ce raisonnable ?

— Les gens ne sont pas raisonnables quand ils se mettent en colère, dit doucement Watson.

Cette réponse fit sortir le juge de ses gonds et excita sa vertueuse indignation :

— De quel droit vous permettez-vous de parler ainsi ? s’exclama-t-il. Quelle impertinence ! Vous sortez de la question. Vous êtes ici, Monsieur, pour témoigner sur des faits. Le tribunal n’a que faire de votre opinion.

— Je me suis borné à répondre à votre question, Votre Honneur, fît humblement Watson.

— C’est faux ! Tonitrua de nouveau le juge. Je vous préviens, vous m’entendez, que votre insolence vous expose à une peine sévère pour injures au tribunal. Apprenez que, dans cette petite salle de Justice, on sait observer la légalité et les règles élémentaires de la courtoisie !

Une autre passe d’armes entre les deux avocats sur des vétilles judiciaires interrompit son exposé des faits qui s’étaient passés au Vendôme, Carter Watson, l’esprit libre de toute acrimonie, amusé et attristé à la fois, vit fonctionner dans toute son ampleur et sa mesquinerie l’organisme qui dominait le pays ; il comprit pourquoi restaient impunis les honteux marchandages, les corruptions, les achats de conscience perpétrés dans un millier de villes par le