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à la barre ; leurs déclarations n’étaient qu’un tissu de mensonges débités sous la foi du serment. Watson n’en croyait pas ses oreilles. Tout d’abord, ils nièrent l’existence des quatre autres témoins de la bagarre ; et sur les deux qui témoignèrent, l’un affirma s’être trouvé dans la cuisine au moment de l’agression brutale et injustifiée de Watson contre Patsy ; quant à l’autre, il jura que, resté dans le bar, il avait assisté à la seconde et à la troisième irruption de Watson dans le débit afin d’assommer l’inoffensif Patsy. L’ignoble langage attribué à « l’agresseur » était si invraisemblable que, songea Watson, ses accusateurs dépassaient la mesure et nuisaient à leur propre cause : de tels propos de sa part étaient si impossibles ! Mais lorsqu’ils parlèrent de la grêle de coups qu’il avait assenés sur le crâne et la figure de ce pauvre Patsy, et d’une chaise qu’il aurait démolie en essayant d’écraser son adversaire à coups de talon, Watson ne put s’empêcher de rire in petto de cette richesse d’imagination. Cette hilarité, toutefois, s’accompagnait d’un sentiment de tristesse : le procès, en effet, était une farce, mais il se sentait déprimé devant une telle bassesse en réfléchissant au long chemin que devait parcourir encore l’humanité pour s’élever au-dessus de ces turpitudes.

Watson ne pouvait se reconnaître lui-même – pas plus, d’ailleurs, que n’eût pu le faire son pire ennemi – dans ce portrait d’apache fanfaron, de brute avinée, qu’on faisait de lui. D’ailleurs, comme