articles fantaisistes de son exploit d’ivrogne contre le propriétaire du fameux cabaret le Vendôme. Pas une ligne de ces récits n’était exacte. Patsy Horan et ses comparses y décrivaient la bataille en détail. Un seul fait incontestable en ressortait : Carter Watson était ivre. À trois reprises, disait-on, il avait été flanqué à la porte et jeté à la rue, et chaque fois il était revenu à la charge, jurant de mettre tout à feu et à sang et annonçant qu’il allait nettoyer la place :
L’éminent sociologue assommé à coups de poing, tel fut la première manchette qui lui tomba sous les yeux. D’autres disaient : Carter Watson aspirant au championnat, Carter Watson reçoit son dû. Un fameux sociologue tente d’assainir un tripot, et Carter Watson mis knock-out en trois rounds par Patsy Horan,
Le lendemain matin, libéré sous caution, Watson était cité devant le tribunal correctionnel, à la requête du procureur public, sous l’inculpation de voies de fait sur la personne d’un sieur Patsy Horan. Mais avant l’audience, le procureur public le prit à part et lui dit confidentiellement :
— Pourquoi ne pas étouffer l’affaire ? Voulez-vous un bon conseil, monsieur Watson : serrez-vous la main, M. Horan et vous, et nous nous en tiendrons là. Un mot au juge, et l’incident sera classé.
— Mais je ne veux pas qu’il soit classé ! Vos fonctions vous obligent à me poursuivre, et non à me demander de me réconcilier avec ce… cet individu.