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en tant que foyers révolutionnaires, et L’Homme des cavernes de la civilisation.

Carter Watson n’était ni un fanatique ni un esprit morbide. Les horreurs qu’il rencontrait sur sa route, qu’il étudiait et exposait, ne lui tournaient pas la tête. Il ne se laissait pas prendre aux flammes des vains enthousiasmes, et son sens de l’humour, appuyé d’une vaste expérience, d’un tempérament philosophique et conservateur, le préservait des folles exagérations. Les théories de réformes brutales, de changements catastrophiques, le faisaient sourire. À son sens, la société ne pouvait s’améliorer qu’à la longue, au cours des étapes pénibles et lentes de l’évolution. Pour lui, les raccourcis, les soudaines régénérations n’étaient que de chimériques utopies ; une humanité meilleure ne pouvait naître que des affres de la souffrance et de la misère, comme d’ailleurs en étaient sorties toutes les améliorations du passé.

Mais en cette fin d’après-midi d’été, la curiosité, chez lui, l’emportait. Il s’arrêta devant un débit de boissons d’aspect tapageur. Sur l’enseigne, au-dessus de la porte, on lisait : « LE VENDÔME. » II y avait deux entrées. L’une, visiblement, menait au bar. Il ne s’y engagea pas. L’autre donnait sur un étroit vestibule où il pénétra. Il vit une grande salle garnie de tables entourées de chaises et entièrement déserte. Dans la demi-obscurité, il aperçut un piano. Il se promit de revenir plus tard étudier sur place le