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rempli votre rôle, vous arrangeant fort bien de votre problème matériel, et de votre carrière. Le verbiage superficiel et facile avec lequel vous avez expliqué votre décision était parfait. Muldowney, qui habite dans une région sordide d’Oakland, a été acquitté – et moi, qui réside au centre du pays, j’ai aussi été acquitté. Tout était donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais vous admettrez que nous trouver tous deux innocents, compte tenu de la triste réputation de Muldowney et de ses moyens d’existence peu avouables, c’était par le même coup me reconnaître coupable. Vous le saviez, et vous n’avez cependant pas hésité une seule minute, uniquement pour défendre vos intérêts. Mais ce n’est pas encore pour cela que je vous en veux, et je ne contesterai en aucun cas l’éminente légalité de votre décision.

Mais, Juge Samuels, était-il vraiment nécessaire de vous conduire comme un tyran envers moi ? Aviez-vous besoin, avec mille fois plus de lâcheté que lui, de tenir le rôle dans lequel Muldowney s’était déjà illustré, alors que, assisté de ses sbires qui me maîtrisaient, il m’avait battu comme plâtre dans son arrière-boutique, à une cinquantaine de mètres derrière la chaussée ?

Je vous le demande, Juge Samuels, était-ce vraiment indispensable ? Vous aviez sur moi des avantages bien plus grands que n’en avait le gargotier Muldowney : retranché dans votre petite chaire, tout en haut, sous la panoplie sacrée de la loi, à l’ombre des