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serait sauvé. Ce moyen bien simple résolvait la difficulté. À quoi bon périr tous les deux !

Mais cette tentation ne put dominer son orgueil de race, sa fierté personnelle, son sentiment de l’honneur. Et la corde demeura en place.

— Descends ! cria-t-il ; mais Gus semblait pétrifié.

— Descends ! répéta-t-il, d’un ton menaçant, ou je tire.

Il secoua la corde pour montrer qu’il ne plaisantait pas.

— Ne fais pas cela ! supplia Gus entre ses dents serrées.

— Sûr que je le fais, si tu ne descends pas.

Et il donna une nouvelle secousse.

Avec un grognement de désespoir, Gus se laissa aller en s’efforçant de s’écarter le plus possible du bord. Hazard, les sens en alerte, exultant à l’idée de son calme parfait, rattrapait la corde avec une adresse extraordinaire. Puis, quand elle commença de se tendre, il s’arc-bouta. La commotion faillit l’arracher de la crevasse, mais il tint bon, tandis que Gus, au bout de la corde, décrivait en l’air une circonférence et venait atterrir sur le bord extrême sud de la Selle. L’instant d’après, Hazard lui tendait la bouteille.

— Prends-en un peu toi-même, dit Gus.

— Non, bois. Je n’en ai pas besoin.

— Eh bien, en ce cas, moi je n’en ai plus besoin. Évidemment, Gus manquait de confiance dans la vertu de la liqueur.