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d’en disposer à ma guise. Du reste, nous voici presque en bas, maintenant.

C’était vrai, nous plongions rapidement dans l’air. Alors mon galopin se mit à discuter s’il était juste ou non de désappointer le public et de provoquer ses récriminations. Le cœur joyeux, je soutins la controverse, me justifiant par mille bonnes raisons, jusqu’au moment où après avoir franchi un bosquet d’eucalyptus nous fumes sur le point d’arriver au sol.

— Tiens-toi bien ! lui criai-je, et me laissant glisser du trapèze, j’y restai suspendu par les mains afin d’atterrir sur les pieds.

Nous effleurâmes une grange, évitâmes de justesse un réseau de cordes à linge, jetâmes la panique dans une basse-cour, fîmes un bond au-dessus d’une meule de foin, tout cela en moins de temps qu’il n’en faut pour le raconter. Enfin nous touchâmes terre dans un verger et aussitôt que mes pieds sentirent le sol, j’amarrai le ballon en faisant faire au trapèze deux tours autour du tronc d’un pommier.

Dans mon métier, j’ai eu bien des émotions : j’ai vu mon ballon prendre feu en l’air, je me suis trouvé accroché à la corniche d’une maison de dix étages ; un jour mon parachute ne se décidait pas à s’ouvrir, je suis tombé comme une pierre durant deux cents mètres, mais jamais je ne me suis senti aussi faible et abattu qu’au moment où je m’approchai du gamin,