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pleurs recommencèrent. J’essayai de plaisanter et de le faire rire, mais en vain. Le courage l’abandonnait et à tout instant je m’attendais à le voir filer près de moi dans sa chute vertigineuse.

Je désespérais. Quand, tout à coup, je me rappelai qu’une frayeur peut en chasser une autre, et, faisant les gros yeux à mon passager clandestin, je lui criai d’un ton sévère :

— Tiens bien cette corde, sinon tout à l’heure en bas je t’administrerai une volée qui ne sera pas piquée des vers. Compris ?

— Oui-i, monsieur, … gémit-il et je vis que mon stratagème portait. J’étais plus près de Tommy que la terre et il me craignait plus que le plongeon.

— Tu es bien assis là sur un coussin moelleux, tandis que ma barre est étroite et dure, elle n’a rien d’agréable.

Une idée lui vint et il en oublia la douleur de ses doigts.

— Quand allez-vous sauter ? me demanda-t-il. Voilà ce que je voulais voir.

À mon regret, et au risque de le décevoir, je dus lui apprendre ma décision de ne pas sauter.

Mais il éleva des objections.

— Pourtant, c’était annoncé dans les journaux ?…

— Tant pis ! Aujourd’hui je me sens comme qui dirait la flemme et je laisse descendre mon ballon tout seul. Il m’appartient, et j’ai le droit, ce me semble,