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du parachute fût en état de fonctionnement parfait.

Le Petit Nassau, déjà gonflé, tendait les cordes qui le retenaient. Le parachute gisait étalé sur le gazon, au-dessous du trapèze. J’enlevai mon pardessus, me mis en place et donnai le signal du « Lâchez tout ! ».

Comme vous ne l’ignorez pas, la perte de contact avec la terre est très brusque : cette fois le ballon, aussitôt qu’il eut pris le vent, s’inclina violemment et mit plus de temps que de coutume à se redresser. Je jetai les yeux en bas sur le spectacle familier du monde que je quittais. J’aperçus des milliers de gens, la tête levée et silencieux. Et ce silence me frappa. Je connais les foules et le moment était venu pour celle-ci de reprendre son souffle. Sa première surprise passée, et de pousser une acclamation. Mais pas un battement de mains, pas un cri d’encouragement… le silence. En revanche, claire et distincte comme un son de cloche, sans le moindre tremblement d’émotion, me parvint la voix de George dans le mégaphone :

— Descends, Charley ! Fais descendre le ballon !

Qu’était-il arrivé ? J’agitai la main pour indiquer que j’avais entendu et je me mis à réfléchir. Quelque chose s’était-il dérangé dans le parachute ? Pourquoi devais-je faire descendre le ballon au lieu d’exécuter le saut que des milliers de personnes attendaient ? Que se passait-il ? Je me creusais la tête, quand un autre sujet de stupéfaction s’offrit à moi.