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flamboiement de la brillante et mûre personnalité de Daisy. Grâce à cette conjonction de circonstances favorables Loretta ne tarda guère à scintiller au premier plan, tandis que Mme Hemingway, modeste et dépourvue de fausse honte, se retirait au second.

Loretta découvrit bientôt qu’elle pourrait briller autrement que d’une lumière reflétée ; sans aucune préméditation, elle devint un petit centre d’attraction. Quand elle se mettait au piano, quelqu’un se trouvait toujours là pour lui tourner les pages et exprimer sa préférence pour certains morceaux. Si elle laissait tomber son mouchoir, quelqu’un le ramassait aussitôt. Sortait-elle pour se promener où cueillir des fleurs, quelqu’un s’offrait à l’accompagner.

Elle apprit aussi à lancer des mouches dans les étangs tranquilles et au-dessous des rapides, et à ne pas embrouiller dans les buissons les lignes de soie ou les attaches de hameçons.

Jack Hemingway ne se souciait guère d’instruire les débutants et péchait beaucoup tout seul, ou pas du tout, ce qui laissait amplement le temps à Ned Bashford d’admirer Loretta sous son voile d’apparences. À ce point de vue, elle personnifiait tout ce que sa philosophie pouvait souhaiter de mieux. Ses yeux bleus, francs comme ceux d’un garçon, l’empêchaient de frissonner à l’idée de la duplicité que, selon sa philosophie, devaient receler ces profondeurs vivantes.