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précédent. En sortant de ce minuscule canyon, il déboucha sur l’une de ses prairies parsemées de fleurs, un endroit charmant et isolé, qu’un écran de basses collines et de bosquets mettait discrètement à l’abri des yeux du monde. Il y rencontra un inconnu, évidemment un promeneur qui devait habiter l’hôtel estival de la petite ville voisine, à deux kilomètres environ de là. Quand ils se virent nez à nez, ils se reconnurent mutuellement ; c’était le juge Witberg en flagrant délit de violation de propriété privée, car Watson avait fait planter en bordure de son terrain des poteaux avec des inscriptions interdisant le passage, encore qu’il ne se souciât guère de faire respecter cette interdiction.

Le juge s’avança la main tendue vers Watson, qui se refusa ouvertement à la prendre :

— Sale métier que la politique ! N’est-ce pas, monsieur le Juge ? lui lança Watson en guise de salutation… Oui, oui, je la vois bien, votre main ! mais il me déplaît de la serrer. Les journaux ont prétendu que j’avais donné une poignée de main à Patsy Horan après le procès. Vous savez fort bien qu’il n’en est rien, mais je vous déclare tout net que j’aimerais mille fois mieux serrer la main à cet individu et à toute sa bande de fripouilles que de prendre la vôtre !

Le juge Witberg, interloqué par cet accueil, toussota et poussa des exclamations de surprise, Watson, tout en le regardant, fut frappé d’une idée soudaine. Il décida sur-le-champ de jouer à ce triste sire