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OÙ BIFURQUE LA PISTE

Sipsu secoua négativement la tête ; cependant, ses yeux brillèrent de fierté et de joie, devant cette grande preuve d’affection. Mais, comme toutes les femmes de sa race, elle avait été habituée, dès l’enfance, à obéir à l’homme et, quand Hitchcock lui eut intimé une deuxième fois l’ordre de partir, bien qu’elle n’eût fait aucune réponse, il savait que sa volonté ferait loi pour elle.

— Ne t’occupe pas des harnais des chiens ajouta-t-il, en se disposant à s’éloigner. Je t’attendrai, mais ne perds pas de temps. Le jour chasse les ténèbres et elles ne s’attardent pas pour plaire à l’homme.

Une demi-heure après, battant la semelle et se frappant les côtes près du traîneau, il la vit arriver, tirant de chaque main un chien récalcitrant. Ses propres bêtes accueillirent leur approche avec fureur et il dut les régaler du manche de son fouet jusqu’à ce qu’elles se fussent calmées. Le vent soufflait vers le camp et il redoutait par-dessus tout le moindre bruit qui trahirait sa présence.

— Attelle-les dans le traîneau, ordonna-t-il, lorsqu’elle eut harnaché les deux bêtes. Je veux mes conducteurs en tête.

Mais à peine eut-elle fini de les atteler, que ses deux chiens, dépossédés de leur place habituelle, se précipitèrent sur ceux de Hitchcock. Bien que celui-ci cherchât à les faire taire à coups de crosse, il