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OÙ BIFURQUE LA PISTE

traîneau, ne fit pas un geste et ne leva même pas la tête lorsque le cortège s’enfonça dans la forêt blanche.

À l’opposé de bien d’autres, sa faculté d’adaptation, quoique développée, et son large esprit cosmopolite ne lui avaient jamais fait entrevoir une alliance avec les femmes de la terre du Nord. Si le désir lui en était venu, sa philosophie ne l’en aurait pas détourné, mais il n’y avait jamais songé.

Sipsu ? Il s’était plu à bavarder avec elle près des feux du camp, non pas d’homme à femme, mais comme avec un enfant, et comme l’eût fait tout homme de son caractère, sans aucune autre raison que celle de combattre l’ennui d’une morne existence. Rien de plus !

Mais, en dépit de son origine yankee et de son éducation en Nouvelle-Angleterre, il avait en lui certains instincts chevaleresques d’un sang plus chaud, et il était ainsi fait que les côtés matériels de la vie lui semblaient souvent vides de sens, et en contradiction avec ses impulsions les plus intimes.

Donc, il restait là, silencieux, baissant la tête, tandis qu’une force organique, plus vigoureuse que lui-même, grande comme sa race, travaillait en lui.

Ses trois compagnons le regardaient de temps à autre, d’un air interrogateur, et leur attitude trahissait une légère agitation, perceptible, pourtant.

Maintes fois, au cours de leur vie précaire, ils avaient pu constater la vigueur physique de Hitchcock ; aussi restaient-ils vaguement inquiets et