Page:London - En pays lointain.djvu/80

Cette page a été validée par deux contributeurs.
76
OÙ BIFURQUE LA PISTE

— Voilà pourquoi nos pistes se séparent, la tienne et la mienne, continua-t-elle avec calme ; et je suis venue pour que nous puissions nous regarder une fois encore, la dernière.

Elle descendait d’une race inculte, et ses traditions, ainsi que son existence, étaient primitives. Elle considérait la vie d’une façon stoïque et, pour elle, le sacrifice humain était dans l’ordre des choses.

Les puissances qui règlent la lumière du jour et les ténèbres, le courant et la gelée, la naissance des bourgeons et la mort de la feuille, étaient irritées et voulaient être apaisées. Elles le témoignaient de différentes façons, soit par la mort dans l’eau à travers les croûtes de glace perfide, soit par l’étreinte de l’ours grizzly ou par la maladie dévorante qui saisit l’homme dans sa cabane et le fait tousser jusqu’au moment où la vie de ses poumons s’échappe par la bouche et les narines.

C’est ainsi que les dieux réclamaient le sacrifice.

Le docteur-sorcier connaissait leurs secrets, et son choix était infaillible.

C’était tout naturel. La mort frappe de nombreuses manières ; elle n’est, après tout, que la manifestation de la volonté impénétrable des dieux.

Les origines d’Hitchcock étaient plus modernes, ses traditions moins concrètes et son langage moins respectueux. Il dit :

— Mais non, Sipsu ! Tu es jeune et en pleine joie de vivre. Le docteur-sorcier est un fou et sa décision, inique. Cela ne se fera pas !