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OÙ BIFURQUE LA PISTE

peaux s’étalait une couche de six pouces de rameaux de sapins posés à même la neige. Les couvertures étaient enroulées.

Derrière eux, ils avaient pour abri une sorte d’écran formé d’une toile fixée entre deux arbres, inclinée à quarante-cinq degrés, et qui reflétait la chaleur du feu dans la direction des peaux.

Un autre homme assis sur un traîneau rapproché du brasier, raccommodait des mocassins.

Vers la droite, un monceau de gravier gelé et un treuil grossièrement bâti indiquaient l’endroit où ils peinaient chaque jour dans leur morne recherche du filon rémunérateur.

À gauche, se dressaient quatre paires de raquettes dénotant le mode de locomotion auquel ils avaient recours une fois sortis de l’emplacement de neige battue du camp.

La chanson populaire souabe résonnait, étrangement touchante sous les froides étoiles du Nord, et attristait les hommes désœuvrés autour du feu, après les fatigues de la journée.

Un malaise obscur et un besoin analogue à la faim envahissaient leurs cœurs et transportaient leurs âmes au Sud, par delà les montagnes, vers les pays du soleil.

— Pour l’amour de Dieu, Sigmund tais-toi ! dit un des hommes d’un ton de reproche.

Ses mains se crispaient douloureusement, mais il les dissimulait dans les plis de la peau d’ours sur laquelle il était étendu.