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YAN, L'IRRÉDUCTIBLE

tas de croquants. Savez-vous ce que c’est qu’une paire de ciseaux ? Eh bien ! pigez-moi ça !

Sans perdre de temps, le matelot exhuma une paire de longues rames du tas d’objets hétéroclites qu’ils avaient fourrés dans leur bateau au début de l’hiver. Il les attacha ensemble, à peu près à angle droit, par l’extrémité des palettes. Il enfonça les poignées dans la neige jusqu’au sable. Puis, au point d’intersection, il attacha deux cordes de tentes, fixa l’une d’elles à un bloc de glace et tendant l’autre à Bill le Rouge :

— Voilà, mon gars ! Attrape ça et débrouille-toi !

— Non ! non ! s’écria, Yan, en reculant et montrant les poings : ça n’a rien à faire ! Je ne veux pas être pendu. Approchez, tas de brutes, que je vous rosse tous l’un après l’autre. Vous allez voir ce que c’est qu’un diable. Je me ferai tuer, plutôt que de me laisser pendre.

Et il vit avec horreur sa potence se dresser en l’air.

Le marin et les deux autres hommes bondirent sur le meurtrier, fou de rage. Tous trois roulèrent et se débattirent furieusement dans la neige qu’ils creusaient jusqu’au sol. Leur lutte inscrivait sur la page blanche de la nature un chapitre de la tragédie humaine.

Chaque fois qu’il pouvait s’en saisir, Lawson ligotait une main ou un pied de Yan. Ruant, griffant, jurant, il finit, pouce après pouce, par être réduit à l’impuissance, ficelé et traîné à l’endroit