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YAN, L'IRRÉDUCTIBLE

– Herr Gott ! Vous l’entendez ? Il voudrait me pendre ! Ho ! ho ! ho ! Viens-y donc !

– Eh bien ! nous allons voir ! tête de Souabe ! reprit ironiquement Lawson, tout en coupant une sangle de traîneau qu’il enroula avec un soin qui ne disait rien de bon. Le juge Lynch préside le tribunal aujourd’hui !

– Un moment ! s’écria Yan, et il se recula vivement du nœud coulant qu’on lui présentait. J’ai quelque chose à demander et une importante proposition à faire. Kentucky, sais-tu ce que c’est que le juge Lynch, toi ?

– Oui, Monsieur, c’est une institution ancienne et respectée d’hommes libres et de gentlemen. La corruption peut se cacher sous la toge d’un magistrat, Monsieur, mais on peut toujours faire confiance au juge Lynch, pour rendre la justice sans frais d’audience. Il se peut que des gens vendent la loi et que d’autres l’achètent, mais, dans ce pays éclairé, la justice est aussi libre que l’air que nous respirons, aussi puissante que la liqueur que nous buvons, aussi expéditive que…

– Abrège ! que nous sachions ce qu’il veut ! interrompit Lawson, troublant la péroraison du discours.

– Eh bien Kentucky ! réponds-moi. Quand un individu en tue un autre, le juge Lynch le pend-il ?

– Si sa culpabilité est suffisamment prouvée, oui, Monsieur !

– Et dans ton cas, Yan, les preuves abondent