Le Kentuckien tâtonna autour de lui dans l’obscurité.
— Allez-y maintenant, Monsieur, c’est le moment !
Un mouvement de houle et deux cent cinquante kilos de chair humaine oscillèrent et vinrent s’abattre contre les parois de la tente ; les piquets s’arrachèrent, les cordes cédèrent, et la toile s’affaissa, enveloppant la mêlée dans ses plis graisseux.
— Tu ne fais qu’aggraver ton cas ! poursuivit Bill le Rouge, en enfonçant ses pouces dans un gosier velu dont il avait réussi à terrasser le propriétaire. Tu crois que tu ne nous a pas assez embêtés ? Il va nous falloir maintenant perdre une demi-journée à tout remettre en place, quand nous t’aurons hissé en l’air.
— Lâchez-moi ! Je vous en prie, Monsieur, bredouilla Taylor.
Bill le Rouge desserra son étreinte en grommelant, et les deux hommes rampèrent vers le dehors. À ce moment, Yan réussit à se débarrasser du matelot, et détala à travers la plaine neigeuse.
— Allez ! flemmards du diable ! Buck ! Bright ! Cherche ! Attrape ! Attrape ! cria Lawson en s’élançant à la poursuite du fuyard.
Buck et Bright, suivis de tous les autres chiens, eurent bientôt rejoint et cerné le meurtrier.
Cette course n’avait aucune raison d’être ; il était aussi futile pour Yan de chercher à fuir, que pour les autres de vouloir l’en empêcher. D’un côté s’éten-