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EN PAYS LOINTAIN

du côté du Nord la girouette projetait sur la neige une vague silhouette. Une ombre ! Une ombre !

Il était exactement midi. Ils se tournèrent hâtivement vers le Sud. Une frange dorée sur le versant neigeux de la montagne les remplit de joie un instant, puis disparut elle aussi.

Ils se regardèrent ensuite avec des larmes dans les yeux. Un apaisement étrange s’était emparé d’eux ; ils se sentaient irrésistiblement entraînés l’un vers l’autre. Le soleil revenait ! Ils en jouiraient demain et le jour suivant et les autres encore. Chacune de ses visites se prolongerait davantage et le temps viendrait où, dans leur ciel, il n’y aurait ni nuit, ni jour et où l’astre ne descendrait jamais au-dessous de l’horizon. La nuit n’existerait plus. L’hiver de glace serait terminé, les vents souffleraient, et les forêts renverraient leurs échos ; la terre se baignerait sous la caresse du soleil et la vie renaîtrait. La main dans la main, ils fuiraient cet horrible cauchemar et regagneraient le Sud. D’un mouvement spontané, ils se penchèrent en avant, et leurs mains se touchèrent, leurs pauvres mains estropiées, gonflées et tordues que cachaient leurs mouffles.

Mais cette promesse ne devait pas se réaliser. La terre du Nord est inexorable et l’âme des hommes, là plus qu’ailleurs, reste soumise à d’étranges lois, incompréhensibles pour ceux qui n’ont pas voyagé en pays lointain.