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L’ABNÉGATION DES FEMMES

pir ; et chaque jour de son existence a amené sa part d’ennuis et de tristesses.

Pourtant, il avance vers la mort, qui lui tend les bras, en chancelant, en tombant, en détournant la tête, mais il lui résiste jusqu’au bout.

La mort est douce ! Il n’y a que la vie, et toutes les choses inhérentes à la vie, qui blessent. N’empêche que nous l’aimons et haïssons la mort. N’est-ce pas étrange ?

Nous parlâmes peu, Passuk et moi, dans les journées qui suivirent.

La nuit, nous gisions dans la neige comme des morts, et au matin nous reprenions notre route, à notre allure de fantômes.

La vie s’était retirée de tout ce qui nous entourait. Nous ne voyions ni ptarmigans, ni écureuils, ni lièvres à raquettes, rien !

La rivière coulait, silencieuse, sous son manteau blanc. La sève restait figée dans les arbres, et le froid était rigoureux comme à présent.

Les étoiles, la nuit, paraissaient plus proches et plus grandes, et elles sautillaient et dansaient à nos yeux. Le jour, les chiens du soleil nous éblouissaient au point que nous croyions voir plusieurs soleils. Toute l’atmosphère brillait et étincelait, et la neige ressemblait à la poussière de diamant.

Aucune chaleur, aucun bruit, rien que le froid piquant et le Silence.

Comme je viens de vous le dire, nous marchions ainsi que des fantômes, comme dans un rêve, sans