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L’ABNÉGATION DES FEMMES

Ils nous dirent aussi qu’un Indien marchait à quelque distance derrière eux ; qu’ils avaient partagé loyalement avec lui, mais qu’il n’avait pu les suivre. Je ne crus pas leur histoire de partage loyal, sinon l’Indien aurait pu tenir le pas. Mais je ne pouvais leur donner aucune nourriture.

Ils essayèrent de me voler un chien — le plus gros, pourtant très maigre — mais je leur mis mon revolver sous le nez et leur dis : Filez !

Et ils partirent vers Pelly, en chancelant comme des hommes ivres à travers le Silence.

Il ne me restait que trois chiens et un seul traîneau et les bêtes n’avaient plus que la peau et les os.

Lorsque le bois est rare, le feu ne brûle que faiblement et la hutte se refroidit.

Il en était de même pour nous.

Quand on est mal nourri, le froid mord dur, et nos visages étaient noirs et gelés, au point que nos propres mères ne nous eussent pas reconnus. Nous avions les pieds cruellement meurtris.

Au matin, quand j’attaquais la piste, la sueur m’inondait de l’effort que je faisais pour ne pas crier de douleur en commençant à marcher avec les raquettes.

Passuk ne desserrait pas les dents, mais piétinait en avant pour tasser la neige.

L’homme hurlait.

Le Thirty-Mile coulait rapide, et le courant rongeait la glace par dessous ; on y voyait en quantités