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MÉPRIS DE FEMMES

– N’avez-vous jamais désiré vivre dans un palais ?

Elle hocha la tête. Il poursuivit d’un ton détaché :

— Jadis j’y ai rêvé. Mais je pense aujourd’hui qu’on doit y mener une existence molle et affadissante ; on ne doit pas tarder à s’y empâter.

– C’est ce que je pense aussi. Ce doit être agréable pendant quelque temps ; mais, comme vous, j’estime qu’on doit s’en lasser vite, dit-elle finement. Le monde a du bon ; mais il faut savoir varier ses plaisirs. Après avoir roulé sa bosse un peu partout, il n’y a rien de meilleur que d’aller se reposer dans quelque coin. Le rêve serait une croisière sur un yacht dans les mers du Sud, puis un petit séjour à Paris, un hiver en Amérique du Sud et un été en Norvège, quelques mois en Angleterre…

— Y rencontre-t-on de la bonne société ?

— Certes oui, et de la meilleure ! Puis on lève l’ancre. On va retrouver les chiens et les traîneaux du côté de la baie d’Hudson. Il n’y a que le changement, je vous dis. Un solide gaillard comme vous, plein d’allant et de vitalité, ne pourrait pas supporter un an une vie somptueuse et désœuvrée. C’est bon pour des efféminés ; mais vous n’êtes pas fait pour ce genre d’existence. Vous êtes viril, superbement viril !

— Vous croyez ?

— Est-il besoin d’y réfléchir ? Cela se voit tout de suite, parbleu ! N’avez-vous jamais remarqué comme il vous est facile d’éveiller l’intérêt des femmes ?