Page:London - En pays lointain.djvu/214

Cette page a été validée par deux contributeurs.
210
MÉPRIS DE FEMMES

de talus à descendre. Elle semblait, par son attitude, vouloir montrer à l’autre femme l’absolue égalité où elle la tenait, un terrain de commune féminité, dont, imperturbable, elle n’abandonnerait pas un pouce.

Cette attitude exaspéra Freda. Si elle avait appartenu à une race inférieure, elle serait restée indifférente ; mais, sensible aux nuances les plus subtiles, elle pouvait suivre l’autre et lire jusqu’au tréfonds de son âme.

— Pourquoi me montrer tant de condescendance ? fut-elle sur le point de lui crier. Crachez sur moi, avilissez-moi, ce serait me témoigner plus de pitié.

Elle tremblait. Ses narines se dilataient et palpitaient. Mais elle se contint, rendit le salut et se tourna du côté de l’homme.

— Accompagnez-moi, Floyd, dit-elle tout simplement ; j’ai besoin de vous.

— Par le… s’écria brusquement Floyd Vanderlip qui s’arrêta soudain, étant encore assez correct pour ne pas achever son juron.

Où diable en était-il ? Fût-il jamais un homme dans une situation plus stupide ?

Du fond de sa gorge monta une sorte de gloussement qui s’éteignit contre son palais. Indécis, il haussa les épaules et regarda tour à tour les deux femmes d’un air suppliant.

— Je vous demande pardon, rien qu’un instant ; mais je désirerais parler d’abord à M. Vanderlip, dit Mrs Eppingwsll d’une voix grave et flûtée à la fois,