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MÉPRIS DE FEMMES

tournait. Désemparé, il regardait tout autour de lui.

De son côté, incapable elle aussi de comprendre ce qui se passait, Mrs Eppingwell ne savait quelle contenance prendre.

Pourtant il fallait bien qu’une explication vînt de quelque part ; et Mrs Mac Fee ne faillit pas à sa tâche.

Sa voix celtique, désagréablement perçante, s’éleva :

Mrs Eppingwell ! C’est avec le plus grand plaisir que je vous présente Freda Moloof, Mademoiselle Moloof, si je ne me trompe !

Malgré elle, Freda se détourna. Le visage découvert, il lui semblait entrer dans un cauchemar : elle se voyait toute nue au milieu d’un cercle d’individus masqués, dont on n’apercevait que la lueur des prunelles. Elle eut l’impression qu’une horde de loups avides la cernaient, prêts à se jeter sur elle. Peut-être quelqu’un aurait-il pitié d’elle ? Mais à cette idée elle se cabra. Décidément, elle préférait affronter le mépris général.

Elle avait le cœur solide, cette femme ; et puisqu’elle était venue chercher sa proie au milieu de la meute, que Mrs Eppingwell s’y oppose ou non, elle ne la lâcherait pas.

Un revirement soudain s’opéra dans l’esprit de Mrs Eppingwell. C’était donc Freda ! pensa-t-elle, Freda la danseuse, le fléau des hommes, cette femme qui lui avait fermé sa porte !

Elle ressentit, comme si elle souffrait elle-même,