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MÉPRIS DE FEMMES

sa soif d’aimer, trop longtemps inassouvie, ne pouvait se contenir davantage.

Flossie arrivait, certes ; mais Loraine Lisznayi était dans la place.

Cette Loraine Lisznayi commençait à éprouver quelques difficultés à soutenir sa réputation mondiale. Elle avait perdu quelque peu de sa fraîcheur, si appréciée du temps où elle posait dans les ateliers des reines-artistes, lorsque princes et cardinaux venaient, prétendait-elle, lui rendre leurs hommages.

Pour comble d’ennui, ses finances n’étaient plus dans un état très brillant. Après une vie d’aventures, pouvait-elle rêver une meilleure fin qu’avec un roi du Bonanza, un personnage dont la fortune était si formidable qu’il ne fallait pas moins de sept chiffres pour l’indiquer ? Comme le soldat prudent qui cherche une confortable retraite après de longues années de campagne, elle était venue dans le Northland avec la sage intention de se marier. Aussi un jour glissa-t-elle un certain regard dans les yeux de Floyd Vanderlip, et cela au moment même où Vanderlip achetait, dans un magasin de la Compagnie P. C., du linge de table pour Flossie.

Ce regard porta droit au but.

Quand un homme dispose de lui-même, on lui passe bien des fredaines qui feraient jeter les hauts cris si on ne le savait point libre. Or, Floyd Vanderlip n’était plus libre. Tout le monde parlait déjà de sa future union avec Flossie dont on attendait la venue. Aussi quels murmures lorsqu’on vit Loraine Lisznayi