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LE DIEU DE SES PÈRES

Une tasse d’eau servit de fonts baptismaux ; on emmena l’enfant dans un coin bien abrité de la palissade. Les hommes firent du feu et préparèrent le repas du soir.

Le soleil, précipitant sa course vers le Nord, s’abaissait graduellement à l’horizon où le ciel se teinta de sang. Les ombres s’allongèrent, la lumière diminua et, dans les retraites obscures de la forêt, la vie s’éteignit peu à peu. Les oiseaux sauvages du fleuve eux-mêmes atténuèrent leurs rauques bavardages et renouvelèrent une fois de plus leur simulacre de sommeil nocturne.

Seuls, les Indiens accentuaient leur vacarme ; les grands tambours de guerre tonnaient à qui mieux mieux, et les voix s’élevaient en chants sauvages. Mais quand le soleil fut couché, le tumulte cessa. À minuit, le silence était complet partout à la ronde. Stockard, agenouillé, jeta un coup d’œil par-dessus les troncs d’arbres. À ce moment, l’enfant poussa un gémissement, et il sursauta. Lorsque la mère se pencha sur le bébé, celui-ci s’était déjà rendormi.

Le calme était profond, incommensurable.

Tout à coup, à plein gosier, les rouges-gorges saluèrent l’aurore de leur concert. La nuit était déjà terminée.

Une vague de formes confuses déferla sur le terrain découvert. Les flèches commencèrent à siffler, les cordes des arcs à vibrer, et le fracas des fusils leur donna la réplique. Un javelot, vigoureusement