Page:London - En pays lointain.djvu/178

Cette page a été validée par deux contributeurs.
174
LE DIEU DE SES PÈRES

— C’est là que le soulier te blesse, hein ?

Bill rougit un peu et laissa tomber la conversation. Le métis attendait toujours la décision. Stockard vint à lui.

— Voici ce que j’ai à dire, Baptiste. J’ai traversé ton village tout à fait par hasard, en me rendant vers le haut du Koyukuk. Je ne voulais faire aucun mal, et mon cœur est encore plein des meilleures intentions. Ce prêtre est venu te voir sans que je l’y aie invité. N’eussé-je pas été là, il serait venu tout de même. Maintenant qu’il se trouve parmi nous, comme il appartient à ma race, mon devoir est de le défendre. Je n’y faillirai pas. Mais songes-y, ce ne sera pas un jeu d’enfant. Quand tout sera fini, ton village sera vide et silencieux et ta tribu ravagée comme par une famine. Nous aurons disparu, il est vrai, mais quand même, la fleur de tes guerriers…

— Mais les survivants auront la paix, et la religion des dieux étrangers et les paroles de leurs prêtres ne bourdonneront pas dans leurs oreilles.

Les deux hommes haussèrent les épaules et se détournèrent chacun de son côté. Le métis revint à son propre camp.

Le missionnaire appela ses deux hommes, et ils se mirent en prière.

Stockard et Bill abattirent les quelques pins qui les entouraient et les disposèrent en manière de retranchement à hauteur d’homme.

Le bébé s’étant endormi, sa mère le coucha sur un tas de fourrures et prêta la main pour fortifier