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LE DIEU DE SES PÈRES

paient par-dessus bord, et pagayaient vers le rivage.

— Livre-moi le prêtre et je te les rends. Allons ! décide-toi, mais réfléchis bien avant de parler.

Stockard hocha la tête. Son regard tomba sur la femme du Teslin qui allaitait son fils, et il aurait cédé, si ses yeux n’avaient rencontré les hommes qui se tenaient devant lui.

Sturges Owen continuait à pérorer.

— Je n’ai pas peur, dit-il. Le Seigneur me soutient de sa main droite, et je suis prêt à me rendre seul au camp du mécréant. Il n’est pas trop tard. La foi renverse des montagnes. Même à la onzième heure, je puis encore gagner son âme à la Vérité.

— Attrape cette brute de métis et ligote-le, chuchota Bill à l’oreille de son chef, tandis que le missionnaire, affalé sur le tapis, discutait avec les païens. Prends-le comme otage et assomme-le si les autres résistent.

— Non ! répondit Stockard. Je lui ai juré qu’il pouvait nous parler sans crainte. Ce sont les règles de la guerre, Bill, les règles de la guerre. Il a joué franc jeu et ne nous a pas pris en traître. Et puis, que diable ! mon vieux, je ne peux pas manquer à ma parole.

— Lui aussi tiendra la sienne, sois tranquille.

— Je n’en doute pas, mais je ne supporterai pas qu’un métis se montre plus beau joueur que moi. Pourquoi ne pas lui accorder ce qu’il demande ? Abandonnons-lui le missionnaire et que tout soit dit.

— N… non, répondit Bill en hésitant.