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LE DIEU DE SES PÈRES

— Laquelle est une fille de Belial, et ne révère point la véritable Église.

— …Et la mienne propre. Passe encore que vous vous attiriez des désagréments, mais nous allons en être les victimes. Si vous vous en souvenez, nous avons hiverné ensemble l’année dernière. J’ai pu me rendre compte que vous étiez un brave homme et un crétin. Que vous estimiez être votre devoir de combattre le paganisme, c’est fort bien, mais au moins apportez quelque discernement dans la manière dont vous l’exercez. Cet homme-là, Baptiste le Rouge, n’est pas un Indien ; il descend de la même souche que nous. Il est aussi tenace que j’ai jamais pu l’être et aussi sauvagement fanatique dans un sens que vous l’êtes dans l’autre. Quand vous serez aux prises, vous et lui, l’enfer sera déchaîné. Pour ma part, je me soucie fort peu d’être mêlé à cette affaire. Comprenez-vous ? Suivez mon conseil, et déguerpissez ! En descendant le fleuve, vous rencontrerez les Russes. Il y a sûrement des prêtres du rite grec parmi eux, qui vous feront passer sain et sauf jusqu’à la mer de Behring, à l’embouchure du Yukon et d’où il ne vous sera pas difficile de gagner les pays civilisés. Croyez-m’en, fuyez aussi vite que Dieu vous le permettra.

— Celui qui porte Dieu en son cœur et l’Évangile dans sa main se moque des machinations des hommes ou du diable, répondit avec fermeté le missionnaire. Je verrai ce pêcheur et je triompherai de son impiété. Une brebis égarée qu’on ramène au ber-