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LE DIEU DE SES PÈRES

philistin. Dans ton cœur vit le culte de Mammon, dans ton esprit s’agitent les diables astucieux, et dans ta tente demeure la créature avec laquelle tu vis en concubinage. Cependant, même en ce lieu sauvage, moi Sturges Owen, apôtre du Seigneur, je t’ordonne de te repentir et de rejeter au loin tes iniquités.

— Épargnez vos homélies, épargnez-les ! répondit Hay Stockard d’un ton bourru. Il vous les faudra tout à l’heure pour Baptiste Le Rouge, là-bas. Et il désigna de la main le camp indien d’où le métis, le regard rivé sur eux, s’efforçait de reconnaître les nouveaux venus.

Sturges Owen, propagateur de la lumière et apôtre du Seigneur, se planta sur le haut de la pente et ordonna à ses hommes d’apporter le campement.

Stockard l’y accompagna.

— Écoutez, dit-il au missionnaire, en le saisissant par l’épaule et en le faisant pirouetter sur lui-même. Est-ce que vous tenez à votre peau ?

— Ma vie est sous la garde du Seigneur, et je me borne à travailler dans sa vigne.

— Ça va, ça va ! Est-ce un poste de martyr que vous cherchez ?

— Si c’est sa volonté !

— En ce cas, vous serez servi à souhait. Mais je tiens auparavant à vous donner un petit conseil, vous en ferez ce que vous voudrez. Je vous préviens que si vous restez ici, votre carrière va se trouver subitement brisée, et non seulement la vôtre, mais celle de vos hommes, celle de Bill et celle de ma femme.