Page:London - En pays lointain.djvu/165

Cette page a été validée par deux contributeurs.
161
LE DIEU DE SES PÈRES

territoires et de nombreux chevaux. Il occupait une haute situation parmi les siens et il était Français par le sang.

Il prétendit que sa fille ne savait pas ce qu’elle voulait, et après maintes discussions il entra dans une violente colère en constatant que ses discours ne retardaient en rien les événements.

Mais elle avait son idée de derrière la tête. Peu après, nous nous présentions devant le pasteur. Son père nous y avait devancés avec des paroles fallacieuses, des promesses mensongères, que sais-je, enfin ? Si bien que le pasteur prit un air digne et refusa de nous unir.

De même qu’au début de ma vie l’Église m’avait refusé sa bénédiction, aujourd’hui encore elle me déniait le droit de me marier, et allait rougir mes mains du sang des hommes. Eh bien ! vois-tu maintenant si j’ai des raisons d’aimer l’Église ?

Là-dessus, je frappai le prêtre sur sa face d’eunuque. Puis la jeune fille et moi nous partîmes sur de rapides chevaux pour Fort Pierre, où il y avait un ministre plein de bonté. Mais son père, ses frères et d’autres gens gagnés à leur cause, étaient à nos trousses. Nous engageâmes un combat, et, sans m’arrêter, je désarçonnai coup sur coup trois cavaliers. Les autres renoncèrent à la poursuite et gagnèrent Fort Pierre.

Alors nous nous dirigeâmes vers l’Est, la contrée des collines et des forêts ; nous y vécûmes comme mari et femme, sans avoir été unis légalement.