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LE DIEU DE SES PÈRES

I

De tous côtés s’étendait la forêt primordiale — théâtre des comédies bruyantes et des tragédies muettes. La lutte pour l’existence y continuait avec toute sa brutalité farouche. Les Anglais et les Russes ne s’étaient pas encore abattus sur la terre où finit l’arc-en-ciel, — là en plein cœur de cette région — et l’or yankee n’avait pas encore acheté ce vaste domaine. Les loups en bandes y harcelaient encore les flancs du troupeau des caribous, choisissant les plus faibles, ou les femelles prêtes à mettre bas, pour les terrasser avec la même cruauté qu’avaient montrée les milliers de générations précédentes. Les indigènes clairsemés reconnaissaient toujours l’autorité de leurs chefs et de leurs docteurs, exorcisaient les esprits malfaisants, brûlaient les sorciers, se battaient avec leurs voisins, et dévoraient leurs ennemis avec un solide estomac dont leur appétit était la meilleure preuve.

Mais cela se passait au déclin de l’âge de pierre.

Déjà, par des routes inconnues, à travers des étendues sauvages, apparaissaient les précurseurs de