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À L’HOMME SUR LA PISTE

Peut-être sous ce nom on leur avait vendu
Le jus enivrant du fruit défendu !

L’effrayante mixture de Malemute Kid accomplissait son œuvre. Les hommes des camps et des pistes se détendaient sous sa chaleur bienfaisante, et les rites, les chansons et les contes d’aventures lointaines circulaient à la ronde.

Citoyens d’une douzaine de nations différentes, ils buvaient à la santé de chacun et de tous : l’Anglais, Prince, en l’honneur de l’« Oncle Sam, le précoce enfant du Nouveau-Monde », le Yankee Bettles trinquait à la santé du « Roi, Dieu le bénisse… »

Alors, Malemute Kid se leva, gobelet en main, et regarda la fenêtre de papier huilé que recouvrait une couche de givre d’au moins trois pouces. Puis il dit :

À la santé de l’homme qui, cette nuit, avance sur la piste ! Puissent ses chiens garder leur vigueur, sa nourriture lui suffire et ses allumettes toujours prendre !

Clic ! Clac ! Ils reconnurent le cinglement familier du fouet des chiens, le hurlement plaintif des Malemutes[1] et le crissement d’un traîneau qui s’approchait de la cabane.

La conversation languit, et ils attendirent.

  1. Race de chiens esquimaux