nous atteignîmes le Yukon juste après sa première débâcle, et la tribu nous suivait à un quart d’heure de marche. C’est ce qui nous sauva, car la seconde débâcle rompit les glaces en amont et retarda nos poursuivants. Lorsqu’enfin ils arrivèrent à Nuklukyeto, tout le poste était mobilisé pour les recevoir. Pour ce qui est du mariage, renseignez-vous auprès du Père Roubeau que voici, c’est lui qui a célébré la cérémonie.
Le Jésuite retira sa pipe de ses lèvres, et se contenta d’exprimer sa satisfaction par des sourires paternels, cependant que protestants et catholiques applaudissaient vigoureusement.
— Bon sang ! interrompit Louis Savoy, épris par le côté romanesque du récit, La petite squaw[1] ! Ce brave Mason ! Bon sang !
Lorsque les premiers petits gobelets de punch eurent fait le tour, Bettles, surnommé « Boit-sans-Soif », se leva, et entonna sa chanson à boire favorite :
J’ai vu les professeurs d’école du dimanche
S’ingurgiter, sans embarras,
La tisane de sassafras.
Sait-on jamais le nom de ce qu’on boit on mange ?
Peut-être sous ce nom on leur avait vendu
Le jus enivrant du fruit défendu !
et le chœur bachique répétait :
- ↑ En français dans le texte